Marina, étudiante en Master en Développement International à l’Université d’Amsterdam, a en effet passé 3 mois au Burkina Faso pour mener à bien une recherche visant à identifier les pratiques agro écologiques mises en place par les groupements féminins au Burkina Faso, notamment pour s’adapter aux variations climatiques auxquelles le pays est confronté.
Elle a eu l’occasion d’échanger plusieurs fois avec les femmes de Yelemani. Tressée comme une Burkinabé, elle s’est intégrée au groupe pour que les productrices lui fassent part de leurs peurs, de leurs défis et de leurs motivations au quotidien.

 

Un court questionnaire lui a permis de déterminer les connaissances climatiques des femmes, c’est à dire la façon dont ces dernières perçoivent les menaces reliées aux intempéries, aux espèces invasives, mais aussi de quelle manière ces évènements se sont intensifiés ou ont au contraire diminué depuis qu’elles pratiquent la culture maraîchère.

 

Durant ces passages sur le site de production, Marina a observé les différentes stratégies agricoles mises en place pour mieux s’adapter aux contraintes locales (quant aux matériaux, aux revenus modestes etc.) tout en préservant l’environnement et la santé des consommateurs. Elle les a répertoriés et illustrés avec des dessins, en se basant sur les explications des femmes elles-mêmes. « Dans un pays où le taux d’analphabétisme avoisine les 70%, il est tout à fait intéressant de communiquer à travers le dessin, des petits schémas explicatifs et les illustrations de manière générale » disait-elle alors en pensant au potentiel sous-estimé et de l’accessibilité de l’agro-écologie pour tous.

C’est en discutant avec Mme Blandine Sankara, présidente de l’association, que Marina a aussi découvert les activités connexes à l’agriculture, de sensibilisation des Burkinabés à la souveraineté alimentaire du pays. « Partout sur la planète, se repose la question de la proximité des lieux de production de notre nourriture » commente Marina, « Je suis très contente de voir que des initiatives portant sur la sensibilisation à la nécessité (économique, environnementale et sanitaire) de consommer local aient lieu au Burkina Faso ». « Les grandes entreprises alimentaires ont tendance à empoisonner le consommateur ; l’Afrique doit lutter contre la tentation des produits transformés et importés » pense-t-elle.

Marina s’est dite impressionnée par la résonnance de l’agro-écologie au Burkina Faso. Avant d’arriver, elle craignait que le terme ne soit une invention de l’Occident pour évoquer un simple retour aux pratiques ancestrales, mais elle prit connaissance de son intérêt réellement lorsque les Burkinabés lui en donnèrent la définition exacte, à savoir « un retour aux pratiques ancestrales, intégrant des innovations contemporaines, pour un plus grand respect de l’environnement, qui nous le rend bien».
« Que l’agro-écologie devienne la norme, et que des pays en développement continuent sur cette voie pour montrer que développement agricole ne rime pas forcément avec monoculture, mécanisation et utilisation à outrance d’intrants chimiques » propose-t-elle comme avenir pour l’Agro-écologie.
Persuadée que l’agro-écologie est le futur des petites et moyennes exploitations agricoles africaines, la jeune étudiante française explique qu’on lui conseille souvent d’être plus prudente sur ces propos. « Prendre soin de nos terres n’a rien d’extrémisme, en revanche l’inverse si. De plus, l’agro-écologie n’est pas une problématique de pays dits « développés, c’est une philosophie de vie qui s’inscrit dans la nécessité urgente de protéger notre environnement » s’indigne-t-elle.
Passionnée par les enjeux environnementaux, d’éducation, et d’égalité des genres, Marina souhaite désormais revenir au Burkina Faso, pour travailler autour de l’éducation environnementale avec les générations futures et collaborer avec les associations féminines. « Les femmes sont le moteur du Burkina Faso, j’espère qu’elles ne céderont pas devant les difficultés et qu’au contraire, elles sauront se regrouper pour mettre leurs forces et leurs ressources en commun ».


« Les associations comme Yelemani méritent tout notre soutient, pour la voie qu’ils ouvrent et les possibilités qu’ils tentent d’offrir aux burkinabé » conclue-t-elle. À ce propos, elle cite l’anthropologue Margaret Mead :« Ne doutez jamais qu’un groupe de personnes puisse changer le monde. En réalité, c’est toujours ce qui s’est passé » ».

 

 

Pour toute question relative au travail de recherche mené

auprès de 9 associations en périphérie de Ouagadougou, n’hésitez pas à contacter Marina.

Sujet: “Comment les femmes agricultrices s’adaptent à la variabilité climatique à travers les associations et l’agroécologie dans l’agriculture péri-urbaine à Ouagadougou ?” (En Anglais).

Marina Humblot
Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
Linkedin:https://www.linkedin.com/in/marina-humblot-64b5553b

« Il n’y a pas de petite initiative, Celui qui

déplace la montagne, c’est celui qui commence

à enlever les petites pierres »

- Confucius