A la tête d'un groupe d'étudiants de Master de la faculté de géographie de l'Université d'Orléans (France) en visite sur le site expérimental de l'association Yelmani à Loumbila, le dimanche 10 janvier 2016, le Professeur Bertrand SAJAJOLI (PBS) s'est prêté au traditionnel rituel questions-réponses d'une interview. La communication de Yelmani (CY) lui a tendu son micro et voici relatés en quelques lignes son profil et celui du groupe, ses activités, l'objet et l'intérêt de leur visite, bref, ses impressions et son appréciation de la visite.

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Communication Yelemani (CY) : Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?


Professeur Bertrand SAJAJOLI (PBS) : Je suis Bertrand SAJAJOLI, professeur à l'université d'Orléans en France et je travaille au Burkina depuis sept ou huit ans. J'ai d'abord travaillé pour faire des évaluations de politiques publiques en matière d'aide internationale et là, depuis quatre ans, je travaille sur la diffusion de l'agro écologie avec Christian Legay, Souleymane, Sylvain Korogo de l'AVAPAS, Mathieu Sawadogo de l'ARFA, etc...Parallèlement, je suis responsable d'un Master de géographie plutôt sur le développement local dans les pays émergents. Je suis avec mes étudiants en Master de géographie de l'Université d'Orléans en France. Ils ont monté un projet, ils se sont battus pendant un an pour avoir les financements, pour convaincre tout le monde et cela a marché.


CY : Vu que vous intervenez au Burkina depuis un bon bout de temps, parlez-nous plus amplement de vos activités dans ce pays en développement.


PBS : Avec Souleymane, Mathieu, Christian et Sylvain, nous essayons de travailler dans un programme de recherche dans lequel il y a des géologues, des pédologues qui font toute la partie très technique et moi qui suis géographe, je m'occupe plutôt de la partie humaine pour essayer de voir quelles stratégies mettre en place pour que les agriculteurs ou les groupements de femmes puissent s'approprier les techniques et les diffuser chez elles. Aussi, Je fais un tout petit peu très modestement comme madame SANKARA, et parallèlement avec mon épouse, nous avons créé une ONG qui intervient au Nord de Nouna en pays peulh à Barani là où il y a le festival et on travaille avec des femmes. Pour la circonstance, nous avons créé un jardin agro écologique où il y a 130 femmes qui travaillent dedans. Cependant moi je suis un peu schizophrène parce que je fais quelque chose de la main gauche, je me critique de la main droite ; je refais de la main gauche et je recritique de la main droite .


CY : Quel est l'objet de votre visite au Burkina en général et sur le site de Yelmani en particulier ?


PBS : Comme souligné plus haut, je suis responsable d'un Master de géographie plutôt sur le développement local dans les pays émergents ; et les étudiants ont monté un projet, ils se sont battus pendant un an pour avoir les financements, pour convaincre tout le monde et cela a marché. Nous sommes donc là pour 15 jours. Alors, nous avons un premier volet, tout ce qui est agriculture et qui touche au développement agricole durable et un deuxième volet qui est une collaboration entre l'université et Koudougou et celle d'Orléans, et ils vont vivre pendant une semaine avec les étudiants en géographie de l'université de Koudougou pour faire une enquête sur les initiatives que les jeunes de Koudougou ont pour un monde meilleur de demain. Par exemple écocitoyenneté, solidarité, etc.


CY : Quel est l'intérêt de votre visite sur le site expérimental de l'association Yelemani et pourquoi l'avoir choisi ?


PBS : D'une part et d'autre part, pour moi c'est un plan personnel sur l'agro écologie. Personnellement je n'avais jamais eu le plaisir de rencontrer madame Sankara ; de voir tout le travail qu'elle fait avec les femmes dans l'association, donc je remplis un peu plus mon sac et je suis content. Pour les étudiants, c'est plus pédagogique parce que dans le Master je donne des cours un peu théoriques sur le développement, sur l'agro écologie et comme l'a dit madame Sankara la théorie c'est bien mais si on n'a pas vu c'est autre chose ; donc cela fait aussi un peu partie de leur formation que de toucher des réalités. Et puis c'est un peu leur objectif de projet que de réfléchir et de présenter un travail au retour aux bailleurs de fonds.


CY : Parlez-nous des perspectives de votre groupe à l'issue de cette visite


PBS : Pour moi les perspectives en tant qu'enseignant c'est un peu un rêve de travailler avec une promotion que je connais bien, cela fait quand même deux ans que nous travaillons ensemble. Avoir certains depuis la licence et arriver au bout de trois ou quatre ans de monter un projet pour aller faire de la géographie tropicale sur le terrain avec de vrais paysages, des vrais gens, c'est formidable. Vous savez quand on dit qu'en Afrique il fait chaud et on sort des climogrammes avec la température, la saison sèche etc. ; mais si on ne sait pas ce que c'est que la chaleur vraie, et bien on n'a jamais eu chaud. On n'arrive pas à comprendre la réalité.


CY : merci professeur et du courage à vos étudiants pour la suite.

                                                                                                             communication Yelemani